D’une province à une autre île ; d’une vallée à un autre littoral, d’une tribu à une autre paroisse, les assemblées générales  ont sillonné de long en large la Kanaky depuis près d’un demi-siècle, rythmant ainsi le cycle de vie de l’ASEE. Le rendez-vous était donc pris de Mehoue vers Zavyrob   où la jeune fille prénommée « cha gui je ya », du nom des quatre pasteurs en poste à Canala, était attendue triomphalement.

Temple

Temple

Zavirob, en référence à son rivage, constitué par la belle plage de Chateaubriand, qui longe toute la baie portant le même nom, c’est bien sûr le surnom de Luecila, lieu choisi par le comité régional ASEE de Drehu  pour honorer la parole échangée il y a six ans entre deux anciens disparus : le président Bonun Pawawi et Dikona Itrajoxue Peteisi.

Sous la houlette, des diacres  et du pasteur Paul Padom, la paroisse a pris le défi à bras  le corps pendant toute une année pour les préparatifs. Les chefferies Haudrati et Itraeötrë ont été particulièrement honorées d’accueillir un tel événement et ont dû aménagé le programme des mariages, afin d’offrir les conditions nécessaires pour le déroulement de l’assemblée générale dans leur tribu. C’est dans ce cadre, paradisiaque et exceptionnel, que la 49ème assemblée générale (AG) s’est tenue en présence d’une cinquantaine de délégués et plus d’une centaine de membres personnels, parents, et représentants de l’église, ainsi que des invités issues des autorités  coutumières, politiques et religieuses.

Duo de choc

Duo de choc

 L’accueil réservé par la jeunesse du consistoire de Gaica, avec « le Bua » de la troupe de Wedrumel, emmenée par Dikona Paul Qaeze et la prestation de la troupe culturelle Zavililo a  marqué majestueusement  l’ouverture de cette mémorable  rencontre.

Le contenu de cette 49ème AG a posé toute la réalité que traverse notre institution dans cette période particulière. En plein dans les transferts de compétences, dans un contexte politique agité, et une situation sociale morose, dont les effets affectent nos établissements par la baisse des effectifs. Enfin une politique financière difficile à maîtriser qui perdure d’année en année. Autant de paramètres nouveaux ou répétitifs qui  asphyxient à petit feu la santé, ô combien trop fragile de l’ASEE. Comment rester insensible ? Les échanges et les questionnements  nourris des militants méritent  grandement d’être notés pour mesurer toute l’inquiétude qui prévaut à l’écoute et examen du bilan moral et techniques présenté par la direction et notre directeur Victor Hnaqouen Ihage.

Mme Yekawe

Mme Yekawe

C’est d’ailleurs cette même préoccupation que le président Kapia Wahmetu a affiché dans son discours d’ouverture, en mettant en exergue la nécessité de changement dans notre combat au quotidien.  Dans ce bilan de mandature, le président se veut rassurant néanmoins,  et a appelé solennellement  les uns et les autres à la vigilance. Il convient d’adopter une posture nouvelle, audacieuse pour reconquérir la place qui revient à l’ASEE  dans le paysage éducatif tout en considérant  cette conjoncture politique importante que traverse le pays. Le choix du thème de notre  49ème AG retenue pour la circonstance doit interpeller chaque militant, acteur et partenaire de cette « mission » confiée par l’Eglise protestante de Kanaky-Nouvelle Calédonie (EPK-NC) de  ne renoncer par une quelconque influence aux engagements  et fondamentaux qui ont scellé la raison et la philosophie de l’ASEE depuis 1958. Restons fidèles et unis afin de préserver et de redynamiser cette « pépinière » et «Affirmons aujourd’hui notre changement pour relever les défis de l’école de demain ».

A l’issue d’un large débat contradictoire nourri et sincère, le quitus a pu être voté à une large majorité, affichant ainsi la confiance et l’adhésion de l’assemblée dans la gestion présentée par la direction.

Dans la suite du programme, le second temps fort est réservé aux  travaux d’ateliers défini  en rapport avec le thème choisi. Un espace de réflexions offert aux acteurs et participants en vue de positionner ses orientations politiques nouvelles. Il en est ressorti ces idées fortes :

  • Poursuivre le projet de réorganisation de l’ASEE
  • S’approprier son projet éducatif
  • Mettre  en place de véritables projets d’établissement et d’écoles

Puis la négociation d’un cadre juridique fort et contractuel avec les institutions en gardant la structure associative loi 1901, concept qui garantit nos acquis, comme l’autonomie de gestion et d’innovations pédagogiques. Il appartient maintenant à  nos instances dirigeantes de s’atteler à opérationnaliser  ces  décisions dans ce nouveau challenge qui s’ouvre devant nous.

Enfin dans la dernière étape avant de clore cette AG, les délégués ont procédé à l’élection du  renouvellement des  16 membres du Conseil d’Administration (8 représentants du personnel,  4 membres des comités locaux et APE et 4 membres de l’Eglise).

 A la veille de cette année jubilé qui prépare cette prochaine AG, sommes-nous convaincus de la force et du potentiel que nous portons pour relever les défis de l’école de demain?

En résumant ainsi le mot final du président réélu, le pasteur Hmana Lalie n’a pas manqué de souligner magistralement dans le culte de clôture de cette 49ème AG et d’installation du nouveau CA le rôle et la place incontournable de l’église dans ce projet de libération d’un peuple. Un coup de projecteur sur notre histoire qui a permis d’éclairer la vision de l’EENCIL et la mission de l’ASEE face aux échéances politiques actuelles.

Gelenöj, nouveau nom de baptême de la « fille » peut maintenant quitter la belle plage de zavililo, chargée d’émotions et de motions pour affronter les nouveaux aléas de la traversée vers momawe lieu du prochain rendez-vous.

Secoué par cette fraîcheur inhabituelle  et sans doute épris d’un grain de nostalgie du panorama zavililoéen, chacun est donc prêt à repartir avec de convictions solides, animé d’une espérance forte  en l’avenir pour en être les témoins convertis et actifs de cette « bonne nouvelle » dans son lieu de travail. «… car le chemin se découvre en marchant… »

« ASEE, même si nos larmes ont coulé, saches qu’à Zavililo, c’est toujours le sourire que je veux !

Trojëhmunë Gelenöj, traqapalahi a öhnyini ! Kölöini Wetr !!! »

Un militant en quête permanent de chemin